VIVRE OU MOURIR

17 septembre — 20 novembre 2016

Sol Lewitt
Quentin Derouet
Helenbeck Gallery
6 rue Defly Nice, France 06000


Quentin Derouet est mon ami, Sol Lewitt mon artiste préféré. L’un est souvent qualifié de jeune peintre romantique, flirtant dans ses toiles avec une poétique du sensible, laissant des traces d’émotions en écrasant des roses. L’autre est considéré comme un conceptuel discipliné, en quête d’un système de création visant la pureté mathématique, laissant des lignes droites et des cubes derrière lui.

Pourtant, ces descriptions vont trop vite. Elles ne reflètent pas l’entièreté du travail de chacun et ne font qu’effleurer la teneur de leurs œuvres.

La simplicité est un des premiers points de rapprochement entre leurs deux pratiques.

Leur rencontre me permet de voir davantage encore que cela : Quentin est selon moi le conceptuel dans l’histoire et Sol le sensible.

Une étonnante alchimie se crée entre la simplicité apparente de leur travail et l’énergie créatrice qui en découle.

Joueurs de sens, de formes, de sensations.

Les dessins de Sol Lewitt ne cherchent pas à créer des images : ils vont au-delà de la réalité. 
Les belles idées d’un poète minimal y fleurissent, incarnations d’une simplicité esthétique lumineuse.

Les œuvres de Quentin Derouet ne cherchent pas à être esthétiques : elles séduisent parce qu’elles transcendent des matériaux bruts et des attitudes simples en les rendant conceptuellement riches et tangibles.

Un monstre sacré de l’art minimal et un jeune artiste prometteur. Les confronter, les observer. Surtout, les aimer tous les deux, et les faire sentir aussi proches que des contemporains. Aimer les faire vibrer ensemble, les faire vivre ensemble, et pourquoi pas, si la rencontre rate, les faire mourir ensemble.

C’est dans la radicalité que réside toute la beauté de ce duo inattendu.

Camille Frasca