PULSE

19 juin — 20 septembre 2008

Claude Guénard
Helenbeck Gallery
6 rue Defly Nice, France 06000


INTERVIEW CLAUDE GUENARD

Entré dans le monde de l’art depuis l’enfance, professeur des beaux-arts à 23 ans , la plus grande part de sa vie à faire comprendre , apprendre et aimer l’art, il se donne aujourd’hui seul à la création qui l’attendait sagement.
Il ne faut pas le laisser échapper car il a encore tant à nous apprendre , par son œuvre cette fois.Il est un sage, avec une technique de travail époustouflante de rapidité, de constance.
« je veux rentrer dans la peinture »

1 – SA DÉFINITION DU FANTASME

C’est formuler un monde qui est de l’ordre du virtuel, de l’irréel, on peut parler aussi de rêve.
Le fantasme peut faire rêver mais il peut faire peur, car il se déduit d’une construction mentale complexe, et qui touche différents domaines.
Je considère qu’il faut le manier avec précaution , tout comme l’imagination dont il se déduit d’ailleurs.

2 – ÉROS
Je travaille dans un érotisme permanent.
Pour moi, il n’y a pas de différence entre l’Éros et la pornographie, seule la transmission du message diffère. Il y a seulement des puissances diverses d’imagination qui peuvent-être apportées par un jeu scénographique, par des éléments de beauté réelles ou non mais qui dans tous les cas peuvent sous estimer l’image.Qu’elle soit érotique ou pornographique , l’image considérée, sera d’autant plus rejetée esthétiquement et oniriquement., sans cette puissance imaginative..
Nous devons donc recourir à notre imagination pour sauver l’image , et la retrouver dans sa « pureté érotique « originelle.
L’impact d’un certain érotisme ne doit être utiliser que pour nous laisser maître de nos sens et non dans une association d’image qui n’ont qu’un but commercial, dans le cas d’images aguichantes et publicitaires.

3 – LA THÉÂTRALISATION DE L’IMAGE
La mise en image a un impact dans le domaine de la perception et de la sensation, nous voyons bien la théâtralisation de l’image dans toutes ses formes aujourd’hui.
Cela me pose d’infinis questions sur le déroulement de l’image , sur l’espace-temps, sur un moment précis qui échappe à l’image fixe , mais qui peut-être capital si l’on veut saisir un désir, par exemple.On ne peut pas manipuler le système temps facilement , dans la création, mais j’essaye de faire obéir mon œuvre à une ordonnance de création avec ses tenants et ses aboutissements, avec lequel il m’arrive d’obtenir de moment clé.
J’essaye de théatraliser ma vision pour mieux voir cette image apparaître sur la toile, ou papier, j’attends que l’image se donne en quelque sorte..

4 – LE CHOC VISUEL
Je le recherche implicitement, secrètement et sans agressivité quelque soit le sujet.
Tous ce qui ne relèvent pas de notre univers, nous met dans une situation mentale d’alerte de peur et d’urgence.Ils rappellent un peu les films censurés des années 30 où leurs forces suggestives d’un supposé acte sexuel affolait une imagination aujourd’hui impossible.
Nous somme là dans un espace-temps où l’image nous raconte « qu’il ne s’est encore rien passé ».

5 – SEXE ET POUVOIR
Le pouvoir politique inspire tous nos sens , pratiquement les mêmes utilisés pour le sexe, il y a là , un syndrome du super homme, du pouvoir dominant /dominé, avec le même facteur de consentement.
La fascination du pouvoir, va peut-être plus loin dans l’idolâtrie, alors que pour la religion, on pourrait voir le fanatisme, mais il y a là une conscience aveugle très étrange.
Le sexe est donc pour moi un outil de révélation liés à des sentiments complexes.
Le sexe s’associe à la jouissance, la jouissance au pouvoir , c’est très intéressant n’est-ce pas ?
L’art ,joue sur toutes les formes de la représentation, elle est un soutien inestimable à la compréhension de la nature et aux hommes.
Je me dis souvent que cela poserait un véritable problème si on demandait à plusieurs personnes de dessiner leurs propres sexes ! ce serait un défi incroyable !car ils révéleraient tous des signes intérieurs de leurs personnalités et non extérieurs!

6 – LES FEMMES
Dans l’art , il y a toujours un engagement .
La liberté des femmes , c’est le consentement qu’elles peuvent donner .Je les mets donc en situation où l’on perçoit toujours ce consentement .Mon crayon leur donne, cette liberté, j’en ai pleinement conscience et cela se voit.

7 – VOYEURS
Je suis voyeur lorsque j’élargis les perspectives d’images. je fais jouer des rôles à mes personnages, lorsque je les mets en danger en leurs changeant d’identités.
C’est le jeu du tabou , qui devient ludique et même drôle ,car aujourd’hui nous sommes tous prêts à jouer tous les rôles , à briser les tabous, sans nous briser nous-mêmes.

8 – LE SYSTÈME DES VALEURS
Les valeurs ont un sens plus immuables pour moi,je préfère parler de symbole dont j’ai une notion exacte.
Ils se construisent et se détruisent au fil d’une époque, d’un environnement, de voyages, lectures, rencontres, et d’idéologies bien sur!
Plus aptes à la représentation ,ils peuvent s’interpréter de milles manières .Ils sont dans la mouvance eux aussi de nos sensations et de nos perceptions.
Et les symboles peuvent dépendre des valeurs quelquefois…….

9 – APPARENCE ET IMAGE
Le plasticien est un illusionniste , il arrive à faire sortir l’image hors de son contexte.
Ses sources d’inspiration peuvent être la pornographie ou tout autre chose mais il recherche toujours la projection d’un monde venu d’ailleurs.
Nous somme dans l’époque , de l’emblème, qui est le consensus de l’image et de l’apparence.
L’érotisme est devenu un objet de consommation , jetable , qui n’a qu’un seul temps, un seul but, il est donc un emblème. La question se pose donc sur l’image et sur l’apparence de l’érotisme.

10 – LE LUXE LA VOLUPTÉ LE SEXE
On accède à eux par le désir, ils dépendent donc du même processus.
On peut être fasciné par le monde du luxe, par ses codes , ses rites , sa dimension universelle, pourtant il ne faut ne pas laisser seulement assouvir ce désir par l’objet convoité mais de nous réapprendre à rêver.