Fruit d’une culture artistique à la lisière du graff et de l’Art contemporain, JONONE évoque comme moment fondateur de son art, la vision d’une rame de métro bombée engendrant, avec la vitesse, des traînées de couleurs.
Ce mouvement qui abolit la frontière séparant l’écrit du pictural, JONONE a su s’en nourrir pour progresser et affiner son style qui s’affiche aujourd’hui tant sur les murs de Paris que sur toile. À la manière de Cocteau qui affirmait : « Ecrire, pour moi, c’est dessiner, trouer les lignes de telle sorte qu’elles se fassent écriture, ou les dénouer de telle sorte que l’écriture devienne dessin », le travail de JONONE s’impose comme l’un des plus personnels de sa génération, entre peinture abstraite et esprit de rue.
Cette dualité qui fait sa richesse n’est pourtant pas exempte de quelques ambiguïtés. Du mur à la toile, il y a le passage de la rue subversive aux salons immaculés des galeries.
Assigné en résidence rue des Beaux-Arts, JONONE prend ses titres de noblesse et confronte le monde de la rue à celui, tout aussi codé, de la bourgeoisie. Multipliant les supports, allant de cartons récupérés à des meubles d’antiquaires, JONONE questionne l’art lui-même, ce monde tiraillé entre reconnaissance des sphères élitistes et rage créatrice. Si désormais le pinceau remplace la bombe aérosol et le style se fait plus épuré et plus précis, le travail – Freestyle – de l’artiste prend forme d’allégorie de la jungle urbaine dont les œuvres fleurissant ça et là peinent toujours à acquérir la reconnaissance qui leur est due.
Ce mouvement d’une rame de métro, de l’écrit au pictural, de la rue aux galeries est sans aucun doute une force et une récompense pour qui est toujours habité de l’esprit originel de la création souveraine au mépris des règles et des codes établis. JONONE est l’un d’eux.