« L’effarante réalité des choses Est ma découverte de tous les jours. Chaque chose est ce
qu’elle est, Et il est difficile d’expliquer combien cela me réjouit, Et combien cela me suffit. »
Extrait de Fernando Pessoa (écrit sous le pseudonyme d’Alberto Caeiro)
Nada est née en 1989 à Beyrouth, elle vit et travaille à Paris. Après des études a l’HEAD
Genève en Arts Visuels, elle a effectué un post diplome à Concordia University à Montréal.
Elle a participé à deux group show à Miami à la galerie David Mazouz, et a eu l’honneur de
recevoir la bourse de la Fondation Fitcazdao.
Avant tout peintre, elle utilise le trait du pinceau comme il est, la couleur comme elle vient,
joue des traces, travaille la craie grasse pour ce qu’elle est, un outil de coloriage, et cherche
à conserver les aléas du geste. Nada est une peintre femme pour qui la peinture se vit
comme un fatum cathartique. La désarmante évidence de son travail, entre candeur et ultra
féminité, fait d’elle une artiste forte, radicale, profonde.
ENTRETIENS NADA DUVAL – CHANTAL HELENBECK – DECEMBRE 2016
Nada est née en 1989 à Beyrouth, elle vit et travaille à Paris. Après des études a
l’HEAD Genève en Arts Visuels, elle a effectué un post diplôme à Concordia University
à Montréal. Elle a participé à différentes expositions à Miami et Genève dans des
galeries.
C.H : Nada, c’est ta première exposition en France, peux-tu nous parler de ton parcours ?
N.D : C’est drôle, moi qui ai grandi en France, c’est la première fois que j’expose ici. J’ai
étudié les beaux arts à Genève, fais un post diplôme à Montréal et suis partie aux Etats
Unis, à Miami. Pour moi j’ai toujours peint. J’expose maintenant, dans des endroits
prestigieux mais j’ai le sentiment que rien n’a changé depuis mes premiers dessins de petite
fille.
C.H : Tu présentes deux séries dans cette exposition, peux tu nous en parler ?
N.D : Comme tu le sais je souhaitais présenter trois séries pour cette première exposition
française. En travaillant à Nice j’ai retrouvé la mer et une lumière que j’avais quitté à Miami.
Je suis donc revenue sur l’une des séries qui me touche le plus, déjà exposée aux Etats
Unis, celle des Abstract Horizon Landscapes ( paysages d’horizon abstraits ) qui est un
travail universel et contemplatif, très ouvert. Je ne sais pas si c’est la mer, le ciel, le paysage
qui passe à toute vitesse mais j’aime que cette série soit une fenêtre de projection pour le
regardeur. Je ne travaille qu’avec les couleurs primaires et je cherche avec le minimum de
moyens, le maximum d’expressivité. J’aime les faire, c’est l’essentiel, mais j’aime autant voir
les gens s’y projeter.
C.H : Et l’autre série ?
N.D : Cette seconde série est un ensemble de peintures très sensuelles, juste un jeu entre la
jouissance de peindre et le plaisir du repentir.
C.H : Nada, tu es née à Beyrouth, tu as grandi en France. Il y a chez toi une double culture,
entre l’orient et l’occident. Quelle place cela peut-il prendre dans ton travail ?
N.D : Je ne me pose pas la question ainsi. J’ai une culture orientale, occidentale, élitiste et
populaire, je crois au sacré et au profane, j’aime le bruit et le silence, je n’ai pas de codes
dans ma manière d’appréhender le monde et je ne souhaite aucun code dans ma manière
d’appréhender la peinture. Je connais l’histoire de l’art, je sais à quel point ma pratique se
rattache à celle de peintres abstraits (Rothko, Stella, Richter) et d’autres plus pop (Warhol,
Hockney), mais je ne cherche pas spécialement à être assimilée à eux. Je veux juste faire
des pièces universelles, inspirées d’un coucher de soleil, des nymphéas de Monet ou d’un
morceau de Madonna.
C.H : Toutes tes toiles portent des titres singuliers, que signifient-ils ?
N.D : Il s’agit pour chacun d’un proverbe libanais. Ils ont cette force populaire de permettre à
tous de s’y retrouver. C’est un clin d’oeil à mes origines.
C.H : Il y a quelque chose de joyeux dans tes toiles peux tu m’en parler ?
N.D : Je suis heureuse que tu ressentes cela. Ce qui est sur c’est qu’il y a quelque chose de
joyeux dans ma manière de faire de la peinture. Je peins car j’aime ça, j’aime voir les
couleurs s’entremêler, la peinture couler. J’aime cette matière pour ce qu’elle est. Si ma
peinture fait penser à un coucher de soleil sur la mer c’est parfait, si ma peinture fait penser
à un ciel bleu avec des trainées d’avions c’est parfait ou si d’autres y voient le paysage
défiler depuis un train c’est parfait. J’aime ma peinture simplement pour ce qu’elle est et pour
tout ce qu’elle contient. L’effarante réalité des choses est ma découverte de tous les jours.
Chaque chose est ce qu’elle est, et il est difficile d’expliquer combien cela me réjouit, et
combien cela me suffit.
C.H : Pour finir, quels sont tes projets à venir ?
N.D : J’ai des expositions de prévues en Suisse. Lors de ce séjoursur la French Riviera, la
lumière du sud m’a permis de me ressourcer. Je vais continuer de travailler ces deux séries
de retour à Paris, particulièrement les Abstract Horizon Landscapes qui me paraissent être
une source infinie de recherche.