La Galerie Helenbeck profite des fêtes de fin d’année pour proposer une exposition scintillante et festive. Entre chef d’oeuvres du XXème siècle et jeune création, l’exposition Merry Christmas – Happy New Year désire faire côtoyer des pièces aux reflets éclatants, questionnant la force des matériaux brillants dans l’histoire de l’art récente.
Des sarcophages de l’Égypte antique aux tableaux miroitants de Gustave Klimt, parmi les fonds dorés des icônes byzantines et les églises baroques du XVIIIème siècle, la séduction par le « décor », les détails lumineux et l’abondance par l’ornementation, s’est imposée comme un poncif de l’histoire de l’art. Eprit de tous les contrastes, ce « décor » au sens large – ornementation, dorure, paillettes, strass – s’est inscrit dans une histoire du goût. A la fois festifs et luxurieux, décoratifs et kitsch, sacrés mais populaires, les matériaux reluisants du « décor » arborent une force univoque, celle d’avoir été rassemblés au travers des siècles dans des questionnements universels et précis.
Cet attrait pour l’ornementation tient de la croyance qu’elle sublime tout ce qu’elle touche. Depuis l’antiquité, elle est signe de richesse, royauté, réussite et sacralité. Tout ce qui brille est symbole de grandeur, de religion mais avant tout de goût et de modes. Les souverains et les grands décideurs – rois, papes, mécènes et collectionneurs – ont toujours commandé, désiré et exposé les plus belles pièces, souvent associées à la parure et la surabondance élégante.
Ainsi ce « décor » a tendu à revêtir les oeuvres d’art d’une aura archaïque précieuse voire sacrée. Il a permis d’engager un jeu sur les valeurs de l’art et de placer les oeuvres décorées au sommet des hiérarchies. Dans ce sens, depuis les années 1960 il n’est plus question de valeur mais plutôt de goût. Ainsi quelle est la limite entre le kitsch et le délicat, le beau et le laid, la surenchère et le minimalisme ?
De John Armleder à Jeff Koons, figures majeures de la scène internationale, ou encore Robert Malaval et Noël Dolla aux paillettes cosmiques ; tous profitent des matériaux étincelants mis à leur disposition pour s’inscrire dans une tradition et jouer de la fugacité des objets moirés. Arman et ses encriers éclatants, César, Florence Cantié- Kramer, Jonone, Jeffrey Haines, mis en regard des jeunes créations de Nada Duval, Eugenio Pipo, Jean Von Luger et Aurélia Zahedi, dévoilent des oeuvres aux accents colorés, dorés et pailletés, et poussent, toujours plus, les questionnements universels voire insolvables autour du décorum. Entre fascination populaire et culte de l’ornementation, ces artistes usent des codes délivrés par ces matériaux lumineux et imposent donc des valeurs nouvelles à décoder.
Pauline Pavec