LAURENT ELIE BADESSI – PLASTICIEN PHOTOGRAPHE FRANCO-AMERICAIN

18 septembre — 17 novembre 2007

Laurent Elie Badessi
Helenbeck Gallery
6 rue Defly Nice, France 06000


La Galerie Helenbeck de  Nice présente une sélection de photographies de Laurent Elie Badessi qui mélange habilement les images de trois séries : Ethnik, Skin et Charles Jourdan.

Ethnik incarne la passion du photographe  pour l’Afrique, et présente des photographies de tribus nigériennes réalisées pour son projet  « Ethnological Fashion Photography ». L’objectif de ce travail, étudier l’impact de la photographie et la mode sur les tribus autochtones. Au cours des séances de pose, les vêtements de différents designers (Paco Rabanne, Yohji Yamamoto, Jean-Paul Gaultier, Azzedine Alaïa, Marithé & François Girbaud, Claude Montana) deviennent les principaux vecteurs d’une troublante fusion entre l’esthétique occidentale contemporaine et les usages ancestraux des modèles locaux.

Skin nous renvoie au corps humain, que le photographe interprète comme un miroir de la nature. Des images étonnantes d’une beauté unique nous montrent  l’harmonie émergeant entre le corps et les éléments naturels. Les différences et les similarités des formes et des couleurs créent une synchronisation qui permet des rencontres inattendues entre le corps et la nature. Les deux se fusionnent dans une harmonie apaisante.

La campagne publicitaire de Charles Jourdan USA conçue par l’artiste propose des images de nus aux poses suggestives inspirées de la mythologie grecque et romaine. Le symbolisme mythologique et le caractère spectaculaire des photographies ont permis à l’artiste de créer une campagne  légendaire et évocatrice.

La variété des sujets immortalisés par son objectif évoque les enjeux existant entre  ressemblance et différence, mais s’ impose avec délicatesse et érotisme comme un hymne  solennel à la beauté humaine.


Introduction de Laurent Elie Badessi à American Dream, Flag

Le rêve : « Qu’est-ce qu’un rêve et quel est mon rêve ? ». Je me suis posé cette question si souvent !

Lorsque j’étais enfant et que les gens me demandaient « quel est ton rêve ? », je ne répondais pas. J’en avais tant !

Mon rapport avec le rêve pendant mon enfance est mémorable. Je n’avais pas de problème pour m’endormir mais mon sommeil était toujours agité. Le matin, je me retrouvais souvent allongé sur le sol. Etonnement, ma chute ne m’avait pas réveillé.

Afin de faire de beaux rêves, mon grand-père me racontait des histoires. J’adorais ça car elles étaient étonnantes. C’était aussi le moment opportun pour me renseigner sur certaines choses que j’avais vu à la télévision ou entendu chez les adultes. Plus que tout, je me souviens lui demander  fréquemment si je devais aller à la guerre quand je serais grand. Cette pensée me terrorisait. Mon grand-père me rassurait en me disant qu’il  n’y en aurait plus alors !

Toutefois, je faisais de nombreux cauchemars la nuit et rêvait plutôt dans la journée. Je pense que c’est pour cette raison que j’ai commencé à créer mes propres rêves éveillé et que je suis devenu un grand rêveur. L’expression « Il a la tête dans les nuages ! » me correspondait parfaitement à cet âge là.

Pour atteindre ces nuages, j’avais même essayé de voler. Je pouvais passer une grande partie de mes journées à sauter du haut d’un mur du jardin en agitant les bras comme un oiseau. Evidemment, la réalité était que je ne pouvais pas m’envoler. L’autre tentative était de fermer mes yeux, de marcher sur le rebord du mur et de sauter avec mes bras en mouvement. J’atterrissais, alors, sur le sol et une fois couché sur le dos, j’ouvrais mes yeux en regardant les nuages dans ce grand ciel si bleu. Enfin je volais, je rêvais et j’étais complètement libre.

Au début de mes vingt ans, pressé de découvrir le monde, je partais en Afrique. Je passais plusieurs mois sur des terres isolées à vivre avec des tribus que je photographiais. Je ne pouvais pas m’arrêter de penser alors : « quel pouvaient bien être leurs rêves dans ces lieux si reculés ? »

A l’âge de vingt cinq ans, je m’installais aux Etats-Unis, prêt à vivre le rêve dont tout le monde parle : « Le Rêve Américain ». Heureusement, je fus plus séduit par les gens que par le rêve lui-même !

Quand j’ai eu trente cinq ans, je dessinais sur une feuille de papier deux ailes d’oiseaux et faisait tatouer ce dessin sous mes bras. Tout le monde me demanda alors « pourquoi endurer une telle douleur ? » et  je répondis « car elles sont le symbole de ma liberté ! ».

Ma première idée, pour ce livre sur le rêve, était de faire une série de photos sur l’Envol. Finalement, j’ai décidé de m’exprimer plutôt sur un sujet qui me toucha beaucoup pendant mon enfance et qui me touche tout autant aujourd’hui : La Guerre.

Je vis aux Etats-Unis depuis seize ans. Pendant toutes ces années, j’ai pu apprécier les qualités qui font de ce pays un endroit si captivant et unique. C’est une triste réalité de se rendre compte, qu’une fois de plus, le symbole de la liberté y est altéré.

A présent, étant mature et ayant  une bonne vision de la vie,  Je n’ai plus besoin que l’on me raconte des histoires pour m’endormir et je me rends compte, très clairement, comment des leaders avides de pouvoirs parviennent à manipuler les gens !

Ceci n’est pas un rêve.

PEACE

Laurent Elie BADESSI

Introduction pour le livre « Sketches of dreams » par Princeton Architectural Press